Pierre-Louis-Moïse Forestier est né le 21 novembre 1902 dans une famille aveyronnaise très marquée par la tuberculose, et décédé le 13 décembre 1989. Au cours de ses études secondaires, qu’il effectue à Paris, il côtoie les milieux hygiénistes et rencontre ainsi le père de son futur principal commanditaire, le docteur Hazemann.
Il entre à l'ENSBA en 1922, à l’atelier Gromort, puis à l’atelier du Palais de bois (dirigé par Auguste Perret). Il y fait la connaissance de futurs collaborateurs: Ernö Goldfinger et André Sive. Il suit en parallèle des cours à l'Institut d'urbanisme de l’université de Paris. Forestier n’est diplômé par le Gouvernement qu’en 1934, alors qu’il a déjà fait ses preuves dans la profession.
Perret le recrute et l’envoie à Alger collaborer à quelques grands chantiers qu’il mène en tant qu’entrepreneur avec l’architecte Jacques Guiauchain: c’est lui qui calcule la structure – de première importance – du Gouvernement général d’Algérie. Il est également l’auteur de la maison de l’Agriculture en 1928.
Fort de cette expérience, il est chargé par le Dr Hazemann, militant communiste proche d’Henri Sellier, d’un énorme projet, la cité sanitaire de Clairvivre, soutenu à la fois par des personnalités de l’hygiénisme social et par une fédération d’anciens combattants politiquement à gauche, la Fédération nationale des blessés du poumon.
La cité de Clairvivre, sorte de super-sanatorium dans un site de 50 ha dans le nord de la Dordogne, est dessinée, conçue et construite entre 1930 et 1933, et abondamment commentée à l’époque. Cité modèle de la lutte contre la tuberculose, cité autonome inspirée par le socialisme utopique (pas de propriété privée), elle est entièrement définie par les principes hygiénistes, et d’autre part presque entièrement portée par des structures en béton armé apparentes, reflet de l’enseignement de Perret.
Pierre Forestier en reste l’architecte jusque dans les années 1980.
Il y rencontre Éliane Tayar, qu'il épouse, et qui est l'auteur de films sur le chantier et la cité dans ses premières années (voir rubrique 'Autres sources').
Forestier mène cependant une carrière riche et variée commençant juste avant la guerre pour la ville d’Orléans, puis, dans l’après-guerre, pour le ministère des Postes dans le Val de Loire. Il élabore aussi de nombreux ensembles hospitaliers (il devient l’architecte de l’INSERM en 1955). Il travaille en Afrique, à Alger et à Dakar, au tournant des années cinquante, dans une époque d’intense renouveau des formes et des techniques. Enfin, son attention se porte à la même époque sur les plans types (notamment d’hôpitaux), sur la notion de plans évolutifs et d’habitat cellulaire, et à la recherche d’une structure basée sur l’angle à 120° pouvant servir à l’édification de n’importe quel bâtiment (maison « Hexacore » à Buthiers, Seine-et-Marne, villa à Cadaquès, vers 1954-1960).